Êtes-vous sûr de bien comprendre l’énergie…

Dans la série des posts pour se repérer dans notre monde complexe, voici quelques éléments sur l’énergie. Oui, le truc qui fait fonctionner votre voiture et votre ordi…
Savez-vous que les sources d’énergie utilisées sur terres proviennent toutes du soleil et/ou de la gravité (attraction vers le centre de la Terre, vers le soleil) ? Et que tout est histoire de moulins ?

Commençons par le commencement…

L’énergie, ce n’est pas le pétrole ou l’électricité. Ça, ce sont des sources d’énergie. Car l’énergie, en physique, mesure la capacité d’un système à se modifier, par exemple en produisant du mouvement, de la lumière, de la chaleur… Cela vient d’un mot grec qui signifie « force en action ».

Une histoire à faire tourner la tête

Bon ok, mais pourquoi le soleil et la gravité ? Pensons moulins ou roue à aube… Oui, ces systèmes vieux comme l’agriculture pour soulager le travail humain.

Dans l’énergie hydraulique, on va capter, en général pour faire tourner une pale, le besoin irrépressible de l’eau de rejoindre un point plus bas (un océan).

@alexandre-alex pour unsplash

Dans l’énergie éolienne, on attrape grâce à une « voile » le mouvement des vents. Pour faire simple, ils sont créés par la rotation de la terre (gravitation) et les différences de pressions/ températures entre les différentes couches de l’atmosphère, notamment entre les  zones éclairées par le soleil et celles qui sont dans l’ombre : c’est pour cela que le vent faiblit souvent en fin de journée.

On peut aussi faire tourner le moulin avec des ânes ou des esclaves (pas sympa dans les deux cas…), mais là on en revient au soleil. Ben oui, contrairement à l’eau et au vent, l’âne, l’humain, le bois et le pétrole ont la même origine : des chaines de molécules carbonées (contenant des atomes de carbone). Et qui les fabriquent ? les plantes ? comment ? grâce au soleil.

Du soleil, des plantes, des nanas…

En effet, les plantes (terrestre ou maritime, le phytoplancton), vous voyez ces trucs insignifiants qui explosent littéralement au printemps, sont les seuls organismes capables de créer, à partir de rien, ou presque, de la matière vivante.

Après, les moyens mangent les petits et les grands mangent les moyens, et on arrive à la pinup ou l’éléphant. Mais au départ, c’est magique, il faut juste de l’air ou de l’eau pour piocher du CO2 et de l’azote, plus du soleil  (et quelques autres éléments en quantité négligeable). C’est la photosynthèse ! = rose, baobab ou nourriture à baleine.

On brule à gogo !

Revenons à l’énergie…

Le truc, c’est que depuis pas mal de milliers d’années, on a pris l’habitude de faire du feu. Pour que ça marche facilement (enfin, sauf si on est sous la pluie sur le GR10), il faut que ce qu’on brule contienne du carbone. Donc, si vous avez suivi, on brule quelque chose créé par les plantes à partir de l’énergie du soleil.

Pas chante…

Tout va à peu près bien tant qu’on se réchauffe autour du feu en chantant « Le petit âne gris » ou « Santiago » et qu’on fait griller des poivrons et des saucisses.

Mais l’humanité, à l’aube de ce qui allait être appelé la « révolution industrielle », a découvert comment maitriser un truc tout bête qui contient beaucoup « d’énergie » : la vapeur.
En effet, faire bouillir de l’eau permet de transférer l’énergie du truc brulé à l’eau, qui passe de l’état liquide à l’état gazeux. On peut alors obliger ce gaz (la vapeur d’eau) à entrer dans un étroit réduit dont il ne peut sortir qu’en faisant tourner une turbine (encore un moulin), qui produit du mouvement : on a une machine à vapeur.

machine à vapeur
@jonathan-farber pour unsplash


Et si on combine ce mouvement avec une bobine électromagnétique, on peut aussi produire de l’électricité…

Comment  alimenter le feu pour produire la vapeur ?
Le bois ! C’est ce que l’humanité a brulé pendant des millénaires.

Figurez-vous qu’il y a eu, à la fin du XVIIIe siècle, une telle pression sur la forêt française, que certains auteurs pensent que, combinés à plusieurs mauvaises récoltes, c’est ce qui a déclenché la Révolution française. Vous imaginez, les révolutionnaires ne voulaient pas vraiment prendre la Bastille, mais du blé et du bois à un prix convenable !

Alors on a très vite, à partir du XIXe siècle, commencé à bruler des « bombes carbonées » : du charbon, puis du pétrole (plus facile à transporter et stocker), puis du gaz (plus compliqué, mais brule drôlement bien sans trop de déchets…)

Comme nous l’avons expliqué dans notre récent article sur le plastique, tous ces combustibles dits « fossiles » sont issus de la décomposition d’organismes marins ou de végétation terrestre accumulés pendant des millions d’années au fond des océans, lacs et lagunes… Des concentrés de carbone créés par les plantes à partir du soleil !

On s’est mis à bruler tout ça à tirelarigot… Et que je crée une moissonneuse-batteuse, et que j’inaugure des lignes de train, et que je perfectionne le moteur à explosion, et que je crée des réseaux de gaz de ville, que je fais voler un avion, etc, jusqu’à nos smartphones et voitures électriques.

Sauf qu’aujourd’hui, nous ne « voyons » plus l’énergie : nous ne pelletons plus de charbon… Nous n’en voyons que ses effets, youpi tralala : j’appuie sur l’interrupteur et le thermomix cuit / mixe ma soupe du soir tandis que je joue au tarot sur mon smartphone en écoutant du vieux jazz nostalgique sur Radio Swiss jazz avec mon enceinte Bluetooth chérie…

Rien de bien dramatique me direz-vous.

Non… enfin, oui,  nous sommes devenus totalement accros à l’énergie !

Comme le dit Jean-Marie Jancovici, dont je vous conseille toutes les vidéos sur YouTube : « en un siècle environ, entre 1880 et la fin du XXe siècle, la consommation d’énergie par personne a été multipliée par 10. Chaque français dispose désormais d’un équivalent-esclave, pour le prix de 8 % de son revenu…».

Petit calcul d’énergie

L’énergie que peut déployer un corps humain est très limitée. Pour escalader le mont Blanc, par exemple, on utilise 0, 5 kWh, et c’est en gros le maximum d’énergie que peuvent produire des jambes en une journée. Cela correspond annuellement (car on ne peut pas renouveler cet exploit tous les jours) à une production d’énergie de 100 à150 kWh. Les bras produisent encore moins…

Pour utiliser cette énergie humaine, si on paye le travailleur au SMIC, cela revient environ à 200 € le kWh.

En comparaison, l’électricité coute environ à 0,20 €/ kWh… Il est donc largement rentable de remplacer n’importe quel travail mécanique humain par n’importe quelle énergie « moderne »…

Prix du kWh « humain » ≈ 200 € (travail manuel d’une personne au SMIC)

Prix du kWh électrique ≈ 0,20 €

Grâce aux sources d’énergie « pas chères » à gogo , notre niveau de vie en occident est inégalé. Mesurés avec le temps qu’il faut travailler pour pouvoir se payer quelque chose, la plupart des produits ont vu leur « prix » divisé par 50 à 100 en 1 siècle. Par rapport à nos arrière-grands-parents, nous sommes tous des nababs (ok, certains sont plus nababs que d’autres…).

Aie !

Pour soutenir notre train de vie énergétique, on utilise très majoritairement (76%) une ressource fossile « gratuite » fournie par l’évolution de la terre et notre gentil soleil.

Problème 1 = tension sur la ressource entre pays et épuisement des gisements facilement exploitables (il ne faudrait pas dépenser plus d’énergie pour extraire du pétrole qu’il ne pourra en produire…).

Problème 2 : tous les atomes de carbones bien gentiment stockés depuis Mathusalem dans le sol se retrouvent libérés dans l’atmosphère sous forme de gaz à effet de serre, d’où une catastrophe climatique annoncée.

Bref, pour résumer, l’énergie sert à changer le monde. Elle vient du soleil, mais surtout du passé. Et on est complètement dopé, drogué à l’énergie facile. On a entamé notre capital en pillant des ressources rares et on bousille notre capital en libérant beaucoup trop de carbone dans notre atmosphère.
C’est juste une entrée en matière, on en reparlera...

Bon, l’énergie est aussi une vertu morale. J’espère que nous n’en manquons pas ! Parce que face à ce constat, il faut agir ! Au plaisir de vous lire (et d’écrire pour vous)

Pas et Xris

Merci à Jean-Marc Jancovici et le blog américain Wait but why pour leur inspiration…

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1 réflexion au sujet de « Êtes-vous sûr de bien comprendre l’énergie… »

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