Les chiffres sont là ! 28 % des femmes françaises contre 37 % des hommes naviguent dans l’entrepreneuriat1 en France en 2023.
On navigue toujours dans un système entrepreneurial qui, malgré les incitations fortes à la l’égalité et la parité, le Haut Conseil machin-chose et la Défenseuse des droits, laisse encore pas mal d’êtres humains de sexe féminin sur le bord du chemin…
Il y a pas mal de raisons pour expliquer ce constat – historiques, éducatives, politiques… -, mais il y en a une qui pourrait se solutionner facilement : les termes employés pour désigner les métiers ou « conditions » des femmes. Et aussi la manière dont on parle d’elles quand elles veulent entreprendre ou entreprennent.
Bref, une histoire de mots et le langue, et c’est ce dont je vais vous parler aujourd’hui.
Un des problèmes des entrepreneures : les « évolutions » poussives de la langue française
Le langage influence et modèle notre manière de penser. Dès l’enfance, en étant confrontés dans notre environnement à des mots et à des associations de mots, se créent des connexions dans notre cerveau entre un mot et les mots « logiques » qui l’entourent. Exemple classique : quand on associe presque toujours le terme « chirurgien » au pronom « le », à un prénom masculin ou à « monsieur », notre cerveau, qui est une gros fainéant, pense immédiatement que « chirurgien = « homme ».
Une langue encore sexiste
Or notre français du XXI° siècle est toujours largement « androcentré2 » = tout tourne autour du « male » !
Exemples ?
- les noms de métiers : médecin, avocat…
- le masculin utilisé, soi-disant, comme « neutre » : les droits de l’homme, l’homme préhistorique…
- et le masculin qui l’emporte sur le féminin dans les accords grammaticaux : « les garçons et les filles sont bien gentils ce matin… »
Mine de rien, cela imprègne notre façon de penser et les petites filles, sauf à être très en révolte, peuvent rester bloquées sur des métiers associés au féminin.
Cela n’a pas toujours été le cas…
La situation actuelle résulte d’une volonté délibérée de l’élite masculine (aristocratie et hauts fonctionnaires). Entre le moyen âge et le début du XX° siècle, ils ont mis à l’écart les femmes. En acte et en parole….
Avant le XVII° siècle (création de l’Académie française), il ne serait venu a personne l’idée de désigner une professionnelle par un nom masculin, et l’accord de proximité était la règle en grammaire : « ces chanteurs et musiciennes sont délicieuses à écouter ».
Voltaire cite ainsi des professeuse, philosophesse et médecine, ou encore la troupe de Molière gardait trace du paiement des autrice…
Mais l’androcratie3, soutenue par l’Académie française (100% masculine, et chargée de codifier la langue) lutte contre l’utilisation, pourtant traditionnelle, des noms de métiers de l’élite au féminin.
Des solutions pour favoriser et soutenir l’entrepreneuriat au féminin
1 – démasculiniser les noms de métiers
Pour éviter que la langue ne continue à propager les stéréotypes de genre, luttons en utilisant en masse les termes entrepreneure, autrice, artisane, directrice, jugesse, etc.
Je suis personnellement parfois bien dépitée devant mes consœurs qui ont tellement intégré le stéréotype androcentré (qui veut qu’un métier « féminin » soit moins valorisant qu’un métier « masculin ») qu’elles trouvent ridicule le nom de leur métier au féminin…
2 – Utiliser au maximum les vraies formes « neutres »
Exemples :
- « être humain » au lieu d' »homme«
- « bonjour à cette belle assemblée » au lieu de « bonjour à tous (et toutes)«
3- Utiliser, selon le contexte, à l’écrit, les signes de l’écriture inclusive
Pas besoin de l’utiliser dans un roman, mais s’il s’agit d’une offre d’emploi, d’un article de presse sur le milieu professionnel, d’un post pour féliciter un ami ou une amie de sa réussite professionnelle ou parler de ses client·es, avoir des mots qui parlent au féminin et au masculin de ce contexte, on a vu que c’est important !
Comment ?
- on écrit idéalement agriculteur·trice, avec le fameux « point du milieu«
- ou si vraiment le point du milieu vous embête : agriculteur(trice) ou agricultrice/teur…
- mais évidemment, à l’oral, on ne dit pas « agriculteur-trice », mais « l’agriculteur ou l’agricultrice »
- au pluriel, un seul point pour simplifier : artisan·es
Comment écrire le point du milieu (ou point médian) ?
- à la main, on met un point au niveau du milieu des lettres
- sur ordi, utiliser la touche alt, puis, sans lacher la touche, taper successivement 1, 8 et 3 (alt 183) sur le pavé numérique
- sur un appareil sans touche alt et/ou pavé numérique
- iPhone ou Android clavier classique : appuyer longuement sur la touche « . » (point) pour faire apparaître les options de ponctuation et trouver le point du milieu
- sur le clavier swiftkey d’un téléphone, par exemple, il faut aller dans le clavier numérique et maintenir l’appui sur le point, et, en second choix, est proposé le point médian
Pour finir
En ce 8 mars dédié aux femmes, bravo aux cercles et réseaux locaux de femmes (Gard-à-elles par exemple), bravo à toutes nos consoeurs et tous nos confrères qui ont osés entreprendre, et un salut particulier à nos formidables clientes (30% seulement…) : Annabelle, Anissa, Cécile, Hanae, Karine, Marieke, Nathalie, Sabine, Sabrina !
Et si vous souhaitez sauter el pas et créer votre entreprise, vous pouvez soit aller jeter un coup d’oeil à notre article sur la démission-reconversion, soit nous appeler…
Partagez avec nous votre expérience : avez-vous déjà expérimenté dans votre chair le « sexisme » de notre belle langue ? Utilisez-vous déjà ou allez-vous utiliser nos conseils ? Dites-le-nous en commentaire…
Au plaisir de vous lire (et d’écrire pour vous).
Pascale & Christine
>>> sources / pour approfondir
- BPI France : Entreprendre en tant que femme : 8 points-clés
- Toupictionnaire : écriture inclusive
- podcast Les Couilles sur la table #76 : Masculin neutre : écriture exclusive (1/2)
- vidéo de Athéna Sol : La féminisation des noms de métiers
>>> notes de bas de page…
- = intentionnistes, créateurs et créatrices d’entreprises, chef·es d’entreprise et ex-chef·es d’entreprise ↩︎
- = qui privilégie l’expérience masculine sur l’expérience féminine, contribuant ainsi à perpétuer les inégalités entre les sexes. ↩︎
- organisation sociale fondée sur la suprématie masculine ; société ou système politique dirigé (!) par des hommes et où les femmes sont sous leur domination. ↩︎