EntrepreneurE ?

Les chiffres sont là ! 28 % des femmes françaises contre 37 % des hommes naviguent dans l’entrepreneuriat1 en France en 2023.

Part des dirigeantes ?
. 5% dans les entreprises du CAC 40
. 14 % dans les entreprises de 50 personnes ou plus
. 16 % dans les entreprises de 20 à 49 personnes
. 30% dans les PME-TPE
. 36 % dans les entreprises sans salarié
Création d’entreprise ?
35 % de femmes.
Pourtant elles sont aussi nombreuses que leurs collègues masculins à vouloir se lancer…
Revenus ?
Indépendantes et dirigeantes salariées d’entreprise gagnent 31% de moins
que leurs homologues masculins.

On navigue toujours dans un système entrepreneurial qui, malgré les incitations fortes à la l’égalité et la parité, le Haut Conseil machin-chose et la Défenseuse des droits, laisse encore pas mal d’êtres humains de sexe féminin sur le bord du chemin…

Il y a pas mal de raisons pour expliquer ce constat – historiques, éducatives, politiques… -, mais il y en a une qui pourrait se solutionner facilement : les termes employés pour désigner les métiers ou « conditions » des femmes. Et aussi la manière dont on parle d’elles quand elles veulent entreprendre ou entreprennent.
Bref, une histoire de mots et le langue, et c’est ce dont je vais vous parler aujourd’hui.

Un des problèmes des entrepreneures : les « évolutions » poussives de la langue française

Le langage influence et modèle notre manière de penser. Dès l’enfance, en étant confrontés dans notre environnement à des mots et à des associations de mots, se créent des connexions dans notre cerveau entre un mot et les mots « logiques » qui l’entourent. Exemple classique : quand on associe presque toujours le terme « chirurgien » au pronom « le », à un prénom masculin ou à « monsieur », notre cerveau, qui est une gros fainéant, pense immédiatement que « chirurgien = « homme ».

Une langue encore sexiste

Or notre français du XXI° siècle est toujours largement « androcentré2 » = tout tourne autour du « male » !

  • les noms de métiers : médecin, avocat…
  • le masculin utilisé, soi-disant, comme « neutre » : les droits de l’homme, l’homme préhistorique…
  • et le masculin qui l’emporte sur le féminin dans les accords grammaticaux : « les garçons et les filles sont bien gentils ce matin… »

Mine de rien, cela imprègne notre façon de penser et les petites filles, sauf à être très en révolte, peuvent rester bloquées sur des métiers associés au féminin.

« Quoiqu’il y ait un grand nombre de femmes
qui professent, qui gravent, qui composent,
qui traduisent, etc. on ne dit pas professeuse,
graveuse, compositrice, traductrice, etc.
mais bien professeur, graveur, compositeur,
traducteur, etc., par la raison que ces mots
n’ont été inventés que pour les hommes
qui exercent ces professions. »

Louis-Nicolas Bescherelle, lexicographe
et éditeur français (ah ! les exercices de grammaire
de notre enfance…), dans Grammaire nationale – 1847

Cela n’a pas toujours été le cas…

La situation actuelle résulte d’une volonté délibérée de l’élite masculine (aristocratie et hauts fonctionnaires). Entre le moyen âge et le début du XX° siècle, ils ont mis à l’écart les femmes. En acte et en parole….

Avant le XVII° siècle (création de l’Académie française), il ne serait venu a personne l’idée de désigner une professionnelle par un nom masculin, et l’accord de proximité était la règle en grammaire : « ces chanteurs et musiciennes sont délicieuses à écouter ».

Voltaire cite ainsi des professeuse, philosophesse et médecine, ou encore la troupe de Molière gardait trace du paiement des autrice…

Mais l’androcratie3, soutenue par l’Académie française (100% masculine, et chargée de codifier la langue) lutte contre l’utilisation, pourtant traditionnelle, des noms de métiers de l’élite au féminin.

« Parce que le genre masculin est le plus noble,
il prévaut seul contre deux ou plusieurs féminins,
quoiqu’ils soient plus proches de leur adjectif.« 

Scupion Dupleix, historien, grammairien, philosophe
et conseiller d’État français,
dans Liberté de la langue française – 1651

Des solutions pour favoriser et soutenir l’entrepreneuriat au féminin

1 – démasculiniser les noms de métiers

Pour éviter que la langue ne continue à propager les stéréotypes de genre, luttons en utilisant en masse les termes entrepreneure, autrice, artisane, directrice, jugesse, etc.

artisan​​​ , artisane​​​ 
nom
rare au féminin 
Personne qui fait un travail manuel, qui exerce
une technique traditionnelle à son propre compte,
aidée souvent de sa famille et d’apprentis (ex. serrurier, plombier).

Dictionnaire Le Robert

2 – Utiliser au maximum les vraies formes « neutres »

Exemples :

  • « être humain » au lieu d' »homme« 
  • « bonjour à cette belle assemblée » au lieu de « bonjour à tous (et toutes)« 

3- Utiliser, selon le contexte, à l’écrit, les signes de l’écriture inclusive

Pas besoin de l’utiliser dans un roman, mais s’il s’agit d’une offre d’emploi, d’un article de presse sur le milieu professionnel, d’un post pour féliciter un ami ou une amie de sa réussite professionnelle ou parler de ses client·es, avoir des mots qui parlent au féminin et au masculin de ce contexte, on a vu que c’est important !

Comment ?

icônes male et femelle séparées par un point médian et un signe "égale"
  • on écrit idéalement agriculteur·trice, avec le fameux « point du milieu« 
  • ou si vraiment le point du milieu vous embête : agriculteur(trice) ou agricultrice/teur…
  • mais évidemment, à l’oral, on ne dit pas « agriculteur-trice », mais « l’agriculteur ou l’agricultrice »
  • au pluriel, un seul point pour simplifier : artisan·es

Comment écrire le point du milieu (ou point médian) ?

  • à la main, on met un point au niveau du milieu des lettres
  • sur ordi, utiliser la touche alt, puis, sans lacher la touche, taper successivement 1, 8 et 3 (alt 183) sur le pavé numérique
  • sur un appareil sans touche alt et/ou pavé numérique
    • iPhone ou Android clavier classique : appuyer longuement sur la touche « . » (point) pour faire apparaître les options de ponctuation et trouver le point du milieu
    • sur le clavier swiftkey d’un téléphone, par exemple, il faut aller dans le clavier numérique et maintenir l’appui sur le point, et, en second choix, est proposé le point médian

Pour finir

En ce 8 mars dédié aux femmes, bravo aux cercles et réseaux locaux de femmes (Gard-à-elles par exemple), bravo à toutes nos consoeurs et tous nos confrères qui ont osés entreprendre, et un salut particulier à nos formidables clientes (30% seulement…) : Annabelle, Anissa, Cécile, Hanae, Karine, Marieke, Nathalie, Sabine, Sabrina !


Partagez avec nous votre expérience : avez-vous déjà expérimenté dans votre chair le « sexisme » de notre belle langue ? Utilisez-vous déjà ou allez-vous utiliser nos conseils ? Dites-le-nous en commentaire…

Au plaisir de vous lire (et d’écrire pour vous).

Pascale & Christine

>>> sources / pour approfondir

>>> notes de bas de page…

  1. = intentionnistes, créateurs et créatrices d’entreprises, chef·es d’entreprise et ex-chef·es d’entreprise ↩︎
  2. = qui privilégie l’expérience masculine sur l’expérience féminine, contribuant ainsi à perpétuer les inégalités entre les sexes. ↩︎
  3. organisation sociale fondée sur la suprématie masculine ; société ou système politique dirigé (!) par des hommes et où les femmes sont sous leur domination. ↩︎




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